En ce Jour de la Terre, faire le lien entre COVID-19 et changements climatiques

Avr 21, 2020

Aujourd’hui, c’est la 50e édition du Jour de la Terre, un anniversaire significatif que nous célébrerons de façon assez différente cette année comparativement aux années passées. Plutôt que de participer à des rassemblements publics, nous soulignerons le Jour de la Terre individuellement, à la maison, et collectivement, en ligne, pendant que nous continuons de pratiquer la distanciation sociale pour aider à enrayer la propagation de la COVID-19.

Le moment est justement propice pour considérer les relations entre la pandémie et les changements climatiques.

Certains commentateurs ont mentionné que la COVID-19 s’apparente à une version accélérée des changements climatiques. Ce sont tous les deux des crises mondiales, appuyées par la science, qui engendrent des difficultés généralisées et dont la solution exige une vaste action collective. La COVID-19 et les changements climatiques sont tous les deux des phénomènes particulièrement contemporains, des crises nées d’un monde interrelié largement propulsé par des économies fondées sur le carbone.

Bien qu’on soit loin de tout connaître sur la COVID-19 et que ses répercussions ne seront peut-être pas entièrement comprises avant plusieurs mois, voire plusieurs années, ce qui est clair, c’est que le changement est possible. Les gouvernements et les citoyens de toute la planète ont réagi en adoptant des réformes aussi vastes que spectaculaires, pour le bien commun. Malgré la souffrance, la perte et la peur que nous ressentons en ce moment, ce constat est très encourageant. 

En seulement quelques semaines, les Canadiens ont accepté de façon quasi universelle de faire des concessions qui auraient été inimaginables au début de mars. Oui, il y a des directives gouvernementales sur la distanciation sociale, mais aussi une vaste collaboration volontaire de la part du public. En quelques jours à peine, l’impossible est devenu possible.

En ces temps perturbés, nous avons appris de précieuses leçons sur nous-mêmes, leçons qui devraient nous donner de l’espoir pour l’avenir.

À titre de Néo-Brunswickois, nous avons vu que nos actions ont effectivement un impact. Notre province a pris des mesures sérieuses relativement tôt pour limiter la propagation du virus et aplanir la courbe. À ce jour, nous n’avons enregistré aucun décès et nos taux d’infection sont relativement faibles.

Notre adoption de la distanciation sociale est basée sur une compréhension et une acceptation de l’information scientifique présentée par la communauté médicale. Elle est aussi motivée par des valeurs comme la compassion et la solidarité. Des centaines de milliers de personnes dans notre province ont effectué des changements difficiles, mais nécessaires, non seulement pour se protéger elles-mêmes, mais aussi pour protéger leurs voisins, surtout les plus vulnérables. Nous avons appris que nous pouvons – et que nous allons – prendre soin les uns des autres. Nous ferons ce qui est bien pour nos familles, nos collectivités, notre pays et le monde.

Nous avons aussi constaté, comme jamais auparavant, à quel point nous dépendons les uns des autres pour survivre. Nous comprenons, comme jamais auparavant, nos vulnérabilités. Les systèmes et les modes de vie que nous tenions pour acquis? Nous savons maintenant qu’ils peuvent changer rapidement et de façon spectaculaire.

Pour les défenseurs de la lutte contre les changements climatiques, c’est encourageant. Souvent, les gens comme nous qui travaillent pour un avenir plus vert se font dire qu’il n’est ni réaliste ni possible d’espérer un changement social répandu. La COVID-19 nous montre le contraire. Les gens sont effectivement prêts à collaborer pour le bien commun lorsque la situation est urgente et que les preuves sont convaincantes.

Et tout comme nous dépendons les uns des autres, nous dépendons du monde naturel. En fait, nous en faisons partie intégrante.

En ce Jour de la Terre, nous avons l’occasion de contempler ce que le futur nous réserve peut-être, et de réfléchir au genre de société et d’économie auxquelles nous voulons retourner une fois la pandémie passée.

À quoi ressembleront nos vies sociales et professionnelles de l’après-COVID-19? Parmi les changements que nous avons apportés durant cette crise, lesquels voudrons-nous maintenir quand nous aurons retrouvé un semblant de vie normale? Quelles leçons pourrions-nous tirer de la crise de la COVID-19? Et quelles possibilités pour un monde meilleur ces circonstances hautement inhabituelles nous offrent-elles?

Les crises ouvrent la porte au changement. 

Le nouveau pacte vert (Green New Deal), premier projet de loi avancé par la sénatrice Alexandria Ocasio-Cortez, est inspiré en partie par la version originale du New Deal, ces mesures de stimulation fédérales massives établies par Franklin Roosevelt pour rebâtir l’économie américaine après la Grande Dépression.

Si la COVID-19 est la Dépression de notre génération, elle laisse dans son sillage l’occasion d’établir des politiques et des mesures audacieuses et ambitieuses. Durant cette interruption inattendue et extraordinaire des pratiques courantes, nous avons l’occasion unique – la seule de notre génération – de reconsidérer notre trajectoire actuelle et de remettre les pendules de notre économie à l’heure.

Bien que l’on se concentre actuellement, et avec raison, sur la protection de la santé publique et le maintien de la sécurité des Canadiens au foyer, nous voudrons un jour considérer la reprise. Quand viendra ce jour, nous devrons penser aux mesures à prendre pour relancer l’économie sans faire augmenter parallèlement les émissions de carbone.

Au Canada et ailleurs au monde, des organismes ont proposé de nombreuses façons de poursuivre simultanément la relance économique et un avenir à faibles émissions de carbone. Ces mesures ne sont pas incompatibles.

Aux États-Unis, le World Resources Institute réclame des crédits d’impôt pour l’énergie propre, des programmes d’encouragement de l’efficacité énergétique et un virage des véhicules à diesel aux véhicules électriques.

Au Canada, des organismes comme le Pembina Institute demandent qu’on appuie les emplois capables de mieux résister aux fluctuations du marché. On veut que l’économie soit plus résiliente face aux autres crises, dont celles associées aux changements climatiques, comme les feux incontrôlés et les inondations. On a aussi proposé le recyclage professionnel des travailleurs pour les industries à faibles émissions de carbone.

En ce 50e anniversaire du Jour de la Terre, réfléchissons à ce que nous avons appris et à ce que nous voulons faire de ces apprentissages. Le monde a bien changé, c’est certain. Nous savons que nous avons la volonté et la capacité de changer, tant comme personnes que comme société. Nous comprenons, comme jamais auparavant, que nous sommes vulnérables. Et nous avons découvert que nous pouvons compter les uns sur les autres pour faire ce qui s’impose, même si c’est difficile, afin d’opérer un changement pour le bien commun.

Lizzy Gresh est directrice générale du Projet Gaia, un organisme à but non lucratif ayant pour mission d’outiller les jeunes, par l’éducation, à agir contre les changements climatiques. Gaia travaille dans les écoles du Nouveau-Brunswick depuis maintenant plus de 10 ans. Leurs programmes, offert en français et en anglais dans tous les districts scolaires, incorporent de l’éducation par l’approche d’enquête, des liens aux programmes d’études et des projets d’action locaux.

  • Les jeunes d’aujourd’hui sont les dirigeants, les innovateurs, les scientifiques, les entrepreneurs et les décideurs de demain. Le Projet Gaia est un organisme unique qui aide les élèves à comprendre cette menace existentielle et à y réagir, aujourd’hui comme à l’avenir.

    John Reid

    bénévole

  • Les jeunes ont un rôle à jouer dans la protection de notre climat, aujourd’hui et demain, et c’est pourquoi nous sommes heureux d'appuyer le Projet Gaia dans sa mission d'outiller les jeunes.

    Krista Han

    associée directrice - Grant Thornton LLP Nouveau-Brunswick

  • Les programmes du Projet Gaia ont permis d'apporter de réels impacts, non seulement dans la compréhension et la vision qu’ont les élèves du monde qui les entoure et dans leur capacité à aider, mais aussi dans la manière dont l’école est gérée, car nous avons apporté des changements concrets à certaines de nos stratégies et pratiques de consommation d’électricité.

    Brent Rowney

    enseignant à l’école Oromocto High School

  • Merci, j’ai raconté à mes parents ce que nous avons fait en classe et maintenant ils ont envie de faire du recyclage à la maison !

    Olivia

    élève de l’école Parkwood Heights Elementary