Le plastique omniprésent dans nos vies : ses impacts et quelques solutions pratiques pour aider à remédier au problème

Fév 14, 2019

Par Jimmy Therrien

Plusieurs d’entre vous auront probablement déjà entendu parlé des îles de plastique qu’on retrouve présentement dans les océans et les mers de par le monde et qui menace ces écosystèmes de façon significative.

En mars 2018, des médias canadiens rapportaient que, selon la fondation Ocean Cleanup, le dépotoir marin du Pacifique était finalement 16 fois plus grand que l’avait prévu l’organisation dans ses évaluations antérieures. Suite à son échantillonnage, la fondation a pu constater que la plupart des rebuts flottant dans cette grande île de déchets étaient des particules de microplastique se présentant sous la forme de minuscules billes de moins de 5 mm de diamètre.

On estime d’ailleurs qu’environ 8 millions de tonnes de débris plastique sont déversés tous les ans dans les mers et les océans du globe. Ce problème se fait même sentir jusqu’en Arctique, où on retrouve également une île de plastique qui a été étudié par des chercheurs d’une université espagnole. Ils ont découvert que le courant océanique, connu sous le nom de circulation thermohaline, agit comme moyen de transport pour ces déchets. Les matières viennent d’aussi loin que de la côte est de l’Amérique du Nord et la côte nord-ouest de l’Europe. Arrivés dans l’Arctique après de long transits sur l’eau, les débris sont bloqués par la combinaison des glaces et des territoires avoisinants et finissent par y couler. Avec le réchauffement de la planète, le problème de l’accumulation de ces débris ne fera qu’empirer car plus la glace de l’océan Arctique se transformera en eau, plus les déchets auront de grands étendues sur lesquels s’accumuler.

Puisqu’ils sont très résistants à la décomposition, ces plastiques que l’on retrouve dans les océans et les mers sont une cause de mortalité importante chez les animaux. On estime à 100 000 le nombre de mammifères marins et à un million celui des oiseaux qui meurent après avoir avalé ces plastiques ou avoir été emprisonné dans ces pièges à travers le monde chaque année. Même si en raison des courants, l’Arctique canadien jouit de moins de débris de plastique que d’autres secteurs polaires, cela n’empêche pas les impacts sur ses oiseaux migrateurs qui vont souvent ingérer des déchets de plastique flottant dans l’Atlantique Nord où ils passent normalement leur hiver.

Des causes de cette accumulation des plastiques dans l’environnement

Parmi les causes multiples de cette pollution grave, l’utilisation d’objets de plastique à usage unique a été identifié comme étant une qui arrive haut sur la liste. Ces produits comprenant des items tels que des pailles, récipients et contenants de plastique non-recyclables proviennent particulièrement de nos activités de consommation qui génèrent des quantités démesurées de déchets non revalorisés. Bien qu’elles prennent source de divers endroits dans nos communautés, ces matières finissent par se retrouver éventuellement en bordures des plages et autres berges où elles trouvent finalement le chemin des océans.

Les impacts de l’utilisation des emballages ou des produits plastique à usage unique

En plus des impacts mentionnés du plastique sur les animaux marins par l’action d’ingestion ou encore par le fait que ces déchets peuvent constituer des pièges létaux pour ces espèces, l’industrie du plastique à également d’autres impacts négatifs, notamment une contribution au phénomène global des changements climatiques. En effet, que ce soit sous forme d’emballages, de sacs ou de produits à usages uniques tels que des pailles, on retrouve la matière plastique dans la quasi-totalité des segments d’utilisation finale de notre économie. Cette industrie contribue au réchauffement planétaire en partie par le biais des émissions de gaz à effet de serre occasionnées par les opérations de production et de transport des marchandises liées aux activités de l’industrie.

Le plastique contribue également au phénomène du réchauffement du globe par sa dégradation dans l’environnement. En effet, une étude publiée aux États-Unis en 2008 révélait que les déchets en plastique libèrent également certains gaz à effet de serre tel que le méthane et l’éthylène en se dégradant. Après plusieurs tests effectués sur tous types de produits (i.e. bouteilles d’eau, sacs, emballages ou produits industriels), les chercheurs en sont arrivés à la conclusion que le polyéthylène, le polymère le plus répandu, était le type le plus émetteur.

Quelles solutions s’offrent à nous pour remédier au problème?

Plusieurs technologies sont développées dans le monde afin d’éliminer ces matières plastique de l’environnement en les retirant mécaniquement. Toutefois, bien qu’il demeure très important de poursuivre le nettoyage de ces étendues d’eau sur notre planète, d’après plusieurs spécialistes du domaine, le problème est d’une gravité telle qu’on ne peut plus simplement se limiter à retirer des rebuts et particules de l’eau. Il nous faut agir en amont, et ce, en se questionnant sur les diverses sources de ces matières plastiques qui finissent dans l’océan parce qu’une fois dans le milieu, ces rebuts peuvent se retrouver n’importe où sur la planète. Mettre le doigt sur les causes fondamentales de cette pollution pour les éliminer permettra de réduire significativement notre contribution à l’intensification de ce problème dans le monde.

Alors que vous êtes en train de lire cet article de notre blog, vous vous demandez peut-être « Comment puis-je m’assurer que mes actions en tant que consommateur ne contribuent pas à cette problématique de l’accumulation de particules de microplastique dans les habitats naturels? » Eh bien, comme c’est le cas dans plusieurs autres domaines, parmi les solutions qui s’offrent à nous pour lutter contre ce fléau planétaire, certaines s’avèrent faciles à intégrer dans notre routine de tous les jours. Toutefois, d’autres demanderons aux gens de faire preuve d’une réelle volonté de revoir certaines de leurs pratiques courantes qui sont fort probablement devenues des habitudes ancrées dans leur quotidien depuis des années. Voici donc ici quelques pistes de solutions que nous vous proposons afin de réduire votre dépendance au plastique et ainsi faire votre part pour améliorer l’état et la durabilité des espaces naturels et de nos communautés.

À l’épicerie, les magasins à rayon et à grande surface

  • Magasiner davantage à des endroits où on vous permet d’apporter vos propres contenants/récipients réutilisables pour les remplir avec des produits tels que du riz, des céréales, etc.

FAIT INTÉRESSANT : Une étude rigoureuse de l’Université de Twente aux Pays-Bas dans le cadre d’une thèse de maîtrise déposée en janvier 2017, a révélé que des produits non emballés ou portant des emballages fait de papier ont eu un effet positif sur la perception des gens vis-à-vis l’aspect de santé, de fraîcheur et d’appréciation générale des produits. À l’opposé, aucune association du genre n’a pu être établie entre les aliments emballés de plastique et la perception des gens en ce qui concerne la nature saine ou la fraîcheur du produit.

  • Choisir les produits non emballés dans un contenant ou une pellicule plastique. Par exemple, vous pouvez opter pour le concombre nu sur l’étagère plutôt que ceux emballés dans une pellicule plastique.
  • Utiliser des matériaux réutilisables tels que des pellicules à base de cire d’abeilles pour recouvrir vos aliments plutôt que d’utiliser des alternatives telles que la pellicule plastique.
  • Utiliser des sacs réutilisables afin de transporter vos aliments et vos produits plutôt que les sacs de plastiques distribués dans les épiceries et autres endroits.

À la plage et sur les côtes

  • Lorsque vous visitez la plage ou un autre endroit côtier, faites l’effort de ramasser les ordures qui s’y trouvent lorsque vous le pouvez pour éviter que ces matières partent éventuellement à la dérive.
  • Organiser une activité de nettoyage des berges avec d’autres membres concernés de vos communautés.

Au resto et dans les cafés

  • Refuser les pailles, les verres ou les ustensiles en plastique et tout autre produit à usage unique qui vous sont offerts lors d’un repas au restaurant.
  • Appuyer les endroits qui ont des politiques et des pratiques plus responsables en ce qui à trait à l’utilisation du plastique à usage unique.
  • Toujours avoir une tasse réutilisable à portée de main ou demandez à ce que l’on vous sert votre boisson dans une tasse en céramique ou en porcelaine.

Produits d’hygiène personnelle

  • Refuser les nouvelles brosses à dents en plastique et investir dans une faite de bois ou de bambou.
  • Utiliser des alternatives aux produits féminins fabriqués à base de plastique.
  • Utiliser du shampoing ou du savon en barre plutôt que les alternatives comprenant du plastique.

Bien sûr, on ne peut écarter le fait que le secteur économique des emballages de toutes sortes génère des emplois à travers le monde et que, depuis son invention, le plastique demeure un des matériaux les plus pratiques qu’il soit en terme d’hygiène, d’efficacité d’utilisation, de légèreté et de malléabilité. Toutefois, sous une approche intégrant davantage l’importance de la viabilité de l’environnement dans la triple perspective Économie-Société-Environnement, une vision holistique se doit de se questionner sur comment ces trois sphères peuvent interagir en harmonie ensemble et de façon durable afin de permettre la viabilité de nos opérations humaines et réduire au minimum notre incidence destructrice sur les écosystèmes et leurs multiples composantes toute aussi importantes les unes que les autres.

À propos de l’auteur:

Jimmy Therrien est avec le Projet Gaïa depuis 2011 et est présentement le directeur des programmes. Il détient un baccalauréat en sciences et une maîtrise en études de l’environnement.

Cliquez ici pour en apprendre davantage à propos de Jimmy.

Références:

Abraham, Lois (2017, January 26). Bring your own containers: Low- and zero-waste food stores try to go green. Retrieved from https://www.ctvnews.ca/lifestyle/bring-your-own-containers-low-and-zero-waste-food-stores-try-to-go-green-1.3258655

En plus de polluer les océans, le plastique contribue au réchauffement climatique. (2 août 2018). Repéré à https://quebec.huffingtonpost.ca/2018/08/02/plastique-changements-climatiques-gaz-effet-serre_a_23494520/

Kroese, Manon (2017). Packaged versus unpackaged food: The perceived healthfulness and other consumer responses (Master’s thesis). Retrieved from http://essay.utwente.nl/71732/1/Kroese_MA_FacultyBMS.pdf

Le dépotoir du Pacifique est 16 fois plus grand que prévu, selon une étude. (23 mars 2018). Repéré à https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1090985/plastique-depotoir-pacifique-continent-microplastiques-etude  

Messal, Roselyne. (13 septembre 2018). Océans : les effets du plastique sur les animaux et l’environnement. Repéré à https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/pollution-dechets-plastique-mer-septieme-continent-1898/page/4/

Profil industriel de l’industrie canadienne des produits en matière de plastique. (4 janvier 2017). Repéré à https://www.ic.gc.ca/eic/site/plastics-plastiques.nsf/fra/pl01383.html

Une île de plastique dans l’Arctique. (21 avril 2017). Repéré à https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1029542/ile-plastique-dans-arctique-etude

  • Les jeunes d’aujourd’hui sont les dirigeants, les innovateurs, les scientifiques, les entrepreneurs et les décideurs de demain. Le Projet Gaia est un organisme unique qui aide les élèves à comprendre cette menace existentielle et à y réagir, aujourd’hui comme à l’avenir.

    John Reid

    bénévole

  • Les jeunes ont un rôle à jouer dans la protection de notre climat, aujourd’hui et demain, et c’est pourquoi nous sommes heureux d'appuyer le Projet Gaia dans sa mission d'outiller les jeunes.

    Krista Han

    associée directrice - Grant Thornton LLP Nouveau-Brunswick

  • Les programmes du Projet Gaia ont permis d'apporter de réels impacts, non seulement dans la compréhension et la vision qu’ont les élèves du monde qui les entoure et dans leur capacité à aider, mais aussi dans la manière dont l’école est gérée, car nous avons apporté des changements concrets à certaines de nos stratégies et pratiques de consommation d’électricité.

    Brent Rowney

    enseignant à l’école Oromocto High School

  • Merci, j’ai raconté à mes parents ce que nous avons fait en classe et maintenant ils ont envie de faire du recyclage à la maison !

    Olivia

    élève de l’école Parkwood Heights Elementary