Quatre façons dont les champignons peuvent sauver la planète et façonner notre avenir
Mai 25, 2021
Y a-t-il plus grand champion que le champignon?
On l’adore pour de nombreuses raisons…
notamment parce qu’il a une foule de propriétés que nous commençons à peine à découvrir, dont bon nombre pourraient permettre de sauver (et sauveront sans doute) notre planète.
C’est en 1928 qu’Alexander Fleming découvre la pénicilline, une substance antibiotique dérivée du Penicillium notatum, un champignon!
Cette mystérieuse substance sauvera des millions de vies pendant la Deuxième Guerre mondiale, et des millions d’autres par la suite. N’eût été la découverte accidentelle des propriétés curatives de ce modeste champignon pour les simples infections, notre espérance de vie actuelle serait peut-être beaucoup moins grande.
On ne leur a accordé qu’une place modeste dans les arts et les sciences au fil des siècles, mais les champignons (mycètes) forment un règne à part entière, comme les plantes et les animaux. Aujourd’hui, on leur porte l’attention qu’ils méritent, et les résultats sont prometteurs.
Depuis peu, les scientifiques commencent à mieux comprendre la mécanique de la structure de filaments du mycélium. Ce vaste réseau de ramifications souterraines aide les champignons à communiquer entre eux et à transporter des nutriments où il le faut. L’exploitation des propriétés du mycélium se révèle une stratégie efficace pour tirer parti des bienfaits des champignons.
Étant donné le caractère multidimensionnel des changements climatiques, il n’y a pas qu’une seule réponse au problème. Il faut plutôt privilégier de nombreuses solutions diverses.
Voici quelques-unes des manières dont les champignons peuvent nous aider à sauver la planète
Matériaux de construction :
Le béton est le matériau synthétique le plus répandu au monde. Outre l’eau, il s’agit de la ressource la plus utilisée sur la planète. Par ailleurs, selon une étude, le ciment serait responsable de 8 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). Cette quantité énorme d’émissions de gaz à effet de serre nous force à admettre qu’il est temps de trouver un matériau de rechange.
L’usage d’un mélange de réseaux de mycélium, qui sont malléables et se développent rapidement, et de déchets ou de sous-produits agricoles serait l’une des solutions à ce problème. En effet, pour fabriquer des matériaux de construction à base de mycélium, il faut utiliser des produits d’autres industries, par exemple des rabotures ou des sous-produits agricoles. Le mycélium agit comme une colle, unissant les sous-produits pour former des blocs durables et légers. Ceux-ci peuvent servir à construire des structures et à isoler les maisons du froid et du son. Étant donné que l’on commence à peine à utiliser ce matériau, il faudra peut-être attendre longtemps avant qu’il remplace nos jungles de béton.
Matériaux d’emballage :
Sans doute recevez-vous à l’occasion des colis d’entreprises comme Amazon, qui utilisent parfois des matériaux tels que la mousse de polystyrène. Des recherches effectuées dans les années 1970 ont révélé que la mousse de polystyrène expansé (MPE) s’effrite dans l’eau et que les fragments, ou styrolènes, sont toxiques aux animaux marins qui les ingèrent. « Ce n’est pas une matière biodégradable; elle se désagrège tout simplement, devenant plus facile à ingérer, et elle se propage ainsi dans la chaîne alimentaire », explique Nathan Murphy, directeur de l’État pour Environment Michigan.
En plus de nuire aux écosystèmes marins, la MPE remplit rapidement nos sites d’enfouissement, occupant jusqu’à 30 % de l’espace disponible. De toute évidence, il s’agit là d’un autre domaine où nous devons agir avec plus de respect pour l’environnement.
IKEA, Dell et d’autres grandes sociétés ont délaissé les matériaux d’emballage en mousse de polystyrène et utilisent maintenant des blocs de mycélium biodégradables. Le processus de fabrication de ces blocs entraîne 90 % moins d’émissions de CO2 que celui des matériaux plus traditionnels. Le marché mondial des emballages écologiques devrait atteindre plus de 142 milliards $ US dans les années à venir. Il y a place à beaucoup d’expansion, car les bioplastiques et les matériaux écologiques ne représentent pour l’instant que 1 % du marché de l’emballage.
Cuir de champignon :
Grâce à Mylo, la nouvelle collection de l’icône de la mode Stella McCartney, les champignons font désormais partie de la haute couture. D’autres gammes suivront sans doute cette tendance du « cuir végétalien » pour remplacer le cuir animal habituel. L’entreprise MycoWorks fait elle aussi progresser l’industrie et travaille à faire du cuir de champignon un tissu plus répandu.
Les mycologues et les créateurs de mode ont fait équipe pour concevoir un produit qui a non seulement l’apparence et le toucher du cuir, mais qui peut aussi être fabriqué à l’aide de méthodes de production à faible carbone. Paul Stamets, sans doute le mycologue le plus connu de notre époque, porte toujours son célèbre chapeau en champignon lorsqu’il fait une présentation.
Bioremédiation ou mycoremédiation :
La pollution par les plastiques et la contamination de l’environnement causée par des événements comme les déversements de pétrole nuisent aux écosystèmes. Les champignons sont renommés pour leur gloutonnerie, consommant notamment des plastiques, des combustibles fossiles et des matières radioactives. Ils contribuent ainsi à la restauration de sites comme celui de la catastrophe nucléaire de Fukushima, en 2010.
Certaines espèces, dont le pleurote, produisent des enzymes qui défont les hydrocarbures robustes et odorants du pétrole, et qui absorbent les métaux lourds comme le mercure. Ces espèces se sont révélées efficaces dans certaines zones de la forêt amazonienne ayant subi d’importants déversements de pétrole.
L’Aspergillus tubingensis a lui aussi la capacité de complètement décomposer les plastiques comme le polyuréthanne en quelques semaines, ce que d’autres variétés de champignons mettraient des dizaines d’années à le faire.
Champignons à l’horizon
Ils ont beau sembler mystérieux, les champignons ont le potentiel de nous aider à faire la transition vers un avenir où, en copiant des phénomènes naturels pour répondre aux besoins humains, nous collaborons avec la nature au lieu de nous y opposer. Plus nous apprenons des systèmes naturels et les intégrons à notre quotidien, plus nos sociétés sauront se régénérer et être résilientes.
Référence :
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3. Chung, Emily. “Buildings made with fungi could live, grow — and then biodegrade.” CBC, 26 March 2021, https://www.cbc.ca/news/science/what-on-earth-mycelium-fungi-building-1.5963938.
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7. Little, Mark. “Facts About Landfill & Styrofoam.” Sciencing, 2018, https://sciencing.com/facts-about-landfill-styrofoam-5176735.html. Accessed 13 05 2021.
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12. United Nations Environment Program. “Fungi research lifts lid on shy organisms that break down plastic.” UNEP, 2018, https://www.unep.org/news-and-stories/story/fungi-research-lifts-lid-shy-organisms-break-down-plastic. Accessed 11 May 2021.
13. Vandormael, Laura. “Le Béton, Une Industrie Émettrice De CO2 : Quelles Sont Les Solutions Pour Des Constructions Durables ?” RTBF Info, 21 June 2019, https://www.rtbf.be/info/economie/detail_le-beton-une-industrie-polluante-quelles-sont-les-autres-solutions-pour-des-constructions-durables?id=10250934.
14. We Don’t Have Time. “IKEA Starts Using Biodegradable Mushroom-Based Packaging for Its Products.” Medium, 2018, https://medium.com/wedonthavetime/ikea-starts-using-biodegradable-mushroom-based-packaging-for-its-products-42d079f98bb1. Accessed 11 May 2021.
15. “Property History Documentation for Hungry Horse Project.” Hess, Roise and Company, 11 Jan. 2019, www.hessroise.com/project/hungry-horse-project/.
16. “Montana: Hungry Horse Dam (U.S. National Park Service).” National Parks Service, U.S. Department of the Interior, www.nps.gov/articles/montana-hungry-horse-dam.htm.
Auteur : Adam Birchweaver, Agent des programmes éducatifs: Anglophone School Districts, The Gaia Project
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